Tout a commencé rue de la Réunion, ça tombait bien.
Voix-guitare, avec Gérard Trouvé à l’enregistrement, à l’oreille,
aux cafés, à tous les régals.
René Dupéré s’est glissé au coeur de «Duvet gris», puis a conduit
la «Chevrolet Impala». Nous avons pris la route ensemble, sensibles «comme la porcelaine» poussés par le vent de «Méroé».
Jean-Michel Bernard, ami de longue date, me propose de continuer l’album. Il me connaît depuis longtemps, je lui fais confiance.
Sous ses doigts, un B3 Hammond, Wurlitzer et piano. Il dirige.
Philippe Chayeb (basse) Philippe Hervouët (guitare) Nicolas Montazaud (percussions) Jean-Philippe Audin (violoncelle) Marc Berthoumieux (accordéon) Michel Gaucher (saxophone) Eric Giausserand (trompette) Jean-Michel Tavernier (cor).
Amitiés qui groovent, découvertes et retrouvailles.
Bruno Mercère, assisté de Rémi Barbot, enregistrera les morceaux.
Nicole Deschaumes fera la pochette et le livret. Chant du Monde prendra la suite.
Il était une fois au studio Popion ...
J’suis dans la lie
j’suis dans l’mou
j’me sens salie
oh c’est l’dégoût
c’est l’hallali
la mort du loup
je m’sens punie
comme mise au clou
j’suis dans la fange
j’suis dans la boue
perdu mon ange
mon garde-fou
j’suis dans l’mou
j’suis dans l’mou, j’suis dans l’flou
T’as pris l’maquis
t’as mis les bouts
sans préavis
ça fait beaucoup
tu m’résilies
ça m’flanque
un coup
je m’liquéfie
dans l’aigre-doux
tu m’dévalises
et tu m’bafoues
je m’vampirise
et j’tiens plus debout
j’suis dans l’mou
j’suis dans l’mou, j’suis dans l’flou
Je m’réfugie
dans le sucre roux
sherry brandy
et noix de cajou
si seulement
j’étais vent debout
j’ foutrais l’camp
un point c’est tout
mais je m’noircis
comme un cachou
je m’déprécie
jusqu’au dégoût
j’suis dans l’mou
j’suis dans l’mou, j’suis dans l’flou
J’mets des grigris
j’vois l’marabout
j’deviens zombi
j’sens plus mon pouls
je pénélope
sous le pilou
j’lis l’horoscope
de A au bout
mais t’es revenu
tout doux tout doux
tout est perdu
j’ai repris l’dessous
j’suis dans l’mou
j’suis dans l’mou, j’suis dans l’flou
Paroles et musique Isabelle Mayereau
Tatouée
une fleur de lotus
sur mon coeur
d’humeur de cactus
arpentées les rizières sous les
pluies chaudes
avalés les varans
combien ?
Dans mon thé
y a pas de cannelle
des reflets
toi moi pas pareils
papadam
devilled fish curry
qui rétame
feu de l’enfer paradis
Imprégné
de tas de trésors
de secrets
le silence est d’or
je promène
des moussons
des courants
qui me malmènent
comme les varans
combien ?
Tatouée
une fleur de lotus
sur mon coeur
d’humeur de cactus
arpentées les rizières sous les
pluies chaudes
avalés les varans
combien ?
Paroles et musique Isabelle Mayereau
On s’perd dans les gestes
et les mots
on dérive on s’manque
on oublie le reste
on s’isole on boule Quiès
on s’planque
on zappe sur les dicos
on s’défonce dans l’mélo
retour de vieux fado
on s’cherche à tâtons
on désordre on braconne
touche le fond
on état de guerre
on espionne
on soupçonne
pirate
ça westerne un peu trop
guérilla et complots
ramponeau calypso
tu sais le doux doux doux le doux doux doux
c’est pas facile
on bagarre on s’quitte
on névrose hépatite
rififi
on flambe au rami
on caïd pour l’oubli
on frime
on s’achève au bistrot
brasse coulée dans l’Pernod
zigzag et dodo
tu sais le doux doux doux le doux doux doux
c’est pas facile
on s’trouve un matin
pas brouillard pas malsain
envie
d’une valse de plumard
duel sur l’oreiller
rayé
branle-bas des kimonos
tempête sans quiproquo
rideau
Tu sais le doux doux doux le doux doux doux
c’est pas facile
Paroles et musique Isabelle Mayereau
Dans les jardins sans lune
où je m’endors
où j’ai la voix cassée
où l’âme se consume
juste au bord de l’ivresse
dans la jungle insolente où je ressasse
mes ténébreuses pensées
je vous attends et je me glace
mais viendrez-vous jamais
amoureuse de vous
Le long du précipice où je m’égare
où j’aime à m’attarder
je plonge avec délice dans vos regards
pour exister
les baisers libertins les valses brunes
je les ai oubliés
enterrés dans les dunes les dunes les dunes
pour mieux recommencer
amoureuse de vous
Dans les vapeurs d’alcool
où je me perds où je me sens dériver
quand vos lenteurs créoles
me troublent m’apaisent je voudrais
de plaisirs clandestins en flammes rouges
enfin vous enivrer
faire tomber les défenses défenses défenses
pour mieux vous avouer
amoureuse de vous
Et quand l’heure des nuits chaudes voluptueuses
aura enfin sonné
que la torture délicieuse
de l’attente du baiser
ne sera plus un mirage mirage mirage
je vous aurai trouvé
déchirés les nuages nuages nuages
je pourrai vous aimer
amoureuse de vous
Paroles et musique Isabelle Mayereau
A la gomme
j’ai tout effacé
le peplum
le feuilleton mauvais
à la baille
j’ai tout balancé
mais tout flotte
faut tout recommencer
aïe
A l’arrach’
on s’est dégrafé
trop de trash
de mauvais côtés
à l’avenir
je prendrai ma loupe
avant d’finir
en solo sur la soupe
aïe
A l’arrêt
j’suis tombée en arrêt
devant toi
j’aurais dû me pincer
A la colle
on s’est embarqué
englués
à n’plus se séparer
aïe
A la dure
j’aimerais
t’exploser
t’coller au mur
à perpétuité
A l’affût
je reste aux aguets
pour un bol d’air
un peu d’nouveauté
aïe
A la gomme
j’ai tout effacé
le peplum
le feuilleton mauvais.
Paroles et musique Isabelle Mayereau
Comme la porcelaine
fragile
cristal de Bohème
fragile
mon sang dans mes veines
fragile
l’avenir des baleines
fragile
comme un brin de blé
fragile
l’ardoise l’orchidée
fragiles
le coeur abîmé
fragile
le chemin après
fragile
comme le papyrus
fragile
un Stradivarius
fragile
une fleur de cactus
fragile
le taux de l’emprunt russe
fragile
comme avant l’orage
fragile
quand plus rien ne bouge
fragile
tous les hommes en cage
fragiles
comme un ballon rouge
fragile
comme un lamantin
fragile
les forêts en sursis
fragiles
le bout du chemin
fragile
ta main sans ma main
fragile
Paroles et musique Isabelle Mayereau
On se balade tout en confusion
tout à l’envers tout en rébellion
on se balade malhabile
mal au corps mal en ville
on se débrume au Rio Grande
Tequila bar tequila café
on se déprend on se défait
tous pareils dessoudés
Au Tumbala café
l’amour passe au Tumbala café
C’est l’euphorie des bulles en pagaille
mojito si, mojito aïe
tout qui mouve la dolce vita
dolce dolce holala
on se retrouve sur le bord du quai
tout qui tangue tango et
départ pour où départ quand
vol retardé vents violents
Au Tumbala café
l’amour passe au Tumbala café
Puis on rebranche un jour la climat’
salut Cayenne Capone se casse
à mater tout grand appétit
envie de brillants paradis
Au Tumbala café
l’amour passe au Tumbala café
Paroles et musique Isabelle Mayereau
Chevrolet impala des années 70
je vois le sablier et le sable qui glisse
comme le temps est passé comme le temps passe vite
de montées fracassantes en belles descentes hors pistes
Les amours elles aussi sont parfois assassines
métissées
métissées de magie et de revers acides
très acides
à trop vouloir l’Eden on s’embourbe on s’enlise
on crapahute seul sur de mortes collines
Anda anda
On repart à l’attaque vers d’autres embuscades
à l’attaque
des déserts de chameaux des rivières de toquades
des rivières
et sur le fleuve Amour on descend le courant
les courants
jusqu’à la croisée des trentièmes rugissants
Anda anda
Aujourd’hui je poursuis ma route chaotique
pas tracée au coupe-coupe j’avance et je me glisse
au coupe-coupe
dans des savanes chaudes où la forêt progresse
je m’étonne je m’attarde et m’inquiète du reste
Anda anda
Chevrolet impala des années 70
je vois le sablier et le sable qui glisse
comme le temps est passé comme le temps passe vite
de montées fracassantes en belles descentes hors pistes
Anda anda
Paroles et musique Isabelle Mayereau
Qu’est-ce qui lui est arrivé
pour qu’elle vienne se coucher
dans la rue de Rivoli
tous les jours toutes les nuits
la femme au duvet gris
la femme au duvet gris
Qui l’a clouée au sol
l’a laissée sur le dos
sont-ce des mots vitriol
des poisons dans des fioles
des parents pas cadeaux
la femme au duvet gris
elle est belle comme le jour
et ne dit pas un mot
de ses revers retours
qui a coulé le bateau
elle est belle comme le jour
perdue dans le courant
belle comme le jour
elle laisse filer le temps
Pour quel coeur d’artichaut
elle se retrouve au bord
de l’abîme dans le chaos
de midi à l’aurore
le danger sur la peau
la femme au duvet gris
qu’est-ce qui lui est arrivé
je ne la vois plus jamais
dans la rue de Rivoli
a-t-elle mis aux orties
à jamais le duvet gris
la femme au duvet gris
elle est belle comme le jour
et ne dit pas un mot
de ses revers retours
qui a coulé le bateau
elle est belle comme le jour
perdue dans le courant
belle comme le jour
où est-elle maintenant ?
Dans son bel archipel sûrement.
Paroles et musique Isabelle Mayereau
La nuit dans le désert
au coeur de Méroé
où d’étranges lumières
semblent nous habiter
on parle à l’univers
dans une intensité
comme une longue prière
presque une mélopée
Isolés dans les ruines
sur le sable encore chaud
on perd un peu sa trace
dans l’infiniment beau
Roulement de cigarettes
et le pli du papier
bruisse comme des claquettes
sur une scène à Broadway
puis la nuit silencieuse
nous envoûte et KO
on descend à zéro
à zéro le tempo.
Le matin au réveil
le vent de sable est là
pour gommer les empreintes
de chacun de nos pas.
Est-ce un vent de colère
échappé des tombeaux
pour avoir dérangé
Amanishaketo ?
Paroles et musique Isabelle Mayereau
A l’heure de l’heure grise anthracite
à l’heure où les diables s’invitent
à l’heure de, à l’heure de
plus d’heure
A l’heure soleil dans l’océan
du rayon vert l’est-il vraiment ?
à l’heure de, à l’heure de
plus d’heure
A l’heure des mûres chaudes en été
du corps qui brûle encore salé
à l’heure de, à l’heure de
plus d’heure
Parti vers ailleurs
vers des voûtes aluminium
est-ce un retour aux sources
quand la lune meurt
Respect
A l’heure du hibou qui répète
son hululement à la discrète
à l’heure de, à l’heure de
plus d’heure
A l’heure des épices orientales
quand la ville est à l’étale
à l’heure de, à l’heure de
plus d’heure
Parti vers ailleurs
vers des voûtes aluminium
est-ce un retour aux sources
quand la lune meurt
Respect
A l’heure où les moustiques attaquent
où la lumière se met au black
à l’heure de, à l’heure de
plus d’heure
A l’heure de l’heure grise anthracite
à l’heure où les diables s’invitent
à l’heure de, à l’heure de
plus d’heure.
Paroles et musique Isabelle Mayereau
Déjà tout p’tit il aimait bien
ses petits 1/4 d’heures au sein
15 fois par jour il réclamait
ses petites rations d’amour
tard dans la nuit pour pas qu’il crie
on lui refilait un petit
biberon d’lait chaud
bébé facho
où sont les gros lolos
A 14 ans dans un milk bar
flash sur les nibards
d’une vahinée au goût Nestlé
laisse moi te goûter
mais Lolita au goût d’coca
le laissa tout pantois
il fut KO tout à zéro
à cause des gros lolos
Lolo blues
Un peu plus tard dans un saloon
il croisa Baby Doom
zoom la nana zoom les lolos
Baby Doom badaboum
il se r’trouva dans le sirop
aveuglé illico
c’était du faux ses roploplos
où sont les gros lolos
Lolo blues
Il colla aux murs des posters
où qu’il y a des gros roberts
tous les soirs 3, 4 videos
à r’pérer les plus gros
quand il croisa 2 p’tits cachous
quelque chose de vraiment doux
il les glissa dans son paddock
finis les lolos d’choc
Lolo blues
Paroles et musique Isabelle Mayereau
Il m’a laissé la clef
pour partir à Papeete
avec Nanihi avec Nanihi
jouer du ukulele
je m’suis retrouvée alitée
dans des sanglots des hoquets
à maugréer des mots pas léchés
à manger des lychees en excès
j’l’avais pas imaginé du tout
en tongs bleues sous le faré
collier de fleurs de tiaré au cou
dégoulinant comme un sorbet
puisqu’il est parti puisqu’il est parti
jouer du ukuluele
avec Nanihi avec Nanihi
jouer du ukulele
mal à moi mal à toi
mal à nous mal
mal à moi mal à toi
mal à moi à toi à nous j
’m’étais pas imaginée non plus
en naufragée dans mon îlot lit
sombrant pour un amour décousu
comme un manchot sans son Adélie
puisqu’il est parti puisqu’il est parti
jouer du ukuluele
avec Nanihi avec Nanihi
jouer du ukulele
mal à moi mal à toi
mal à nous mal
mal à moi mal à toi
mal à moi à toi à nous
Danseur d’tamouré en paréo
ça m’a mêlée mêlée mais oh qui
aurait pu prévoir tout ce chaos
sorti tout droit d’une série B
lui en pirogue et sous les palmiers
c’est bien plus faux qu’un do pour un ré
alors finis les larmes les hoquets
je l’abandonne à sa bouée.
Paroles et musique Isabelle Mayereau
L’enfance elle s’est barrée sur un coup d’téléphone
une voix anonyme froide et dure sans carbone
l’enfance elle a filé sur des fils télégraphe
comme un clown mourant sur sa dernière grimace
mais que va-t-on devenir ?
l’enfance elle a pris l’cap pour d’autres paysages
où les humeurs dérapent sur des mots de passage
l’enfance elle s’est tirée dans un drôle de pays
où les mots sonnent faux c’était 2 h et demie
mais que va-t-on devenir ?
l’enfance elle s’est pendue sur un fil bigophone
lors le central s’est tu il n’y avait plus personne
l’enfance elle s’est flinguée sur un jeton d’téléphone
semblable au machine gun d’Al Capone Al Capone
mais que va-t-on devenir ?
l’enfance elle s’est jetée du haut d’un interphone
comme un rideau d’acier sur un chat qui ronronne
l’enfance elle s’est brûlée sur un coup d’mégaphone
pour enfin terminer mutilée et aphone
mais que va-t-on devenir ?
Paroles et musique Isabelle Mayereau
Tu m’écris tu m’écris
sur papier d’Arménie
des mots à des mots à
à parfumer mon lit
je dessine je dessine
sur papier d’harmonie
des notes des notes à
à chatouiller ton ouïe
et le temps passe comme ça
douceur de papier soie
et le temps passe comme ça
tu déchires tu déchires
à coup de couteaux scie
mes manies mes manies
maniables à demi
tu éclaires tu éclaires
à coup de crayon gris
mes yeux à mes yeux à
à te filmer la nuit
et le temps passe comme ça
douceur de papier soie
et le temps passe comme ça
tu voyages je voyage
au fond de mon esprit
des voyages des voyages
à t’emmener aussi
et j’écris et j’écris
sur papier d’harmonie
des mots à des mots à
à parfumer ton ouïe
et le temps passe comme ça
douceur de papier soie
et le temps passe comme ça…
Paroles et musique Isabelle Mayereau
Dans son sac plastique
il traînait sa vie
comptait les élastiques
tirait les gouttes de pluie
et dans le gros qui tache
il voyait Nancy
la place Stanislas
quand il était tout petit
Au Sénégal
il avait trouvé Mimi
perchée sur des sandales
en lamé or et gris
l’ampleur de son corsage
l’avait beaucoup séduit
bloqué l’oesophage
pendant 3 jours 3 nuits
Mimi
Il dealait des affaires
qui sentaient le roussi
se fit prendre au dessert
avant de boire son brandy
se retrouva à Cayenne
finit de faire le marlou
se fit peindre “j’ai la haine”
sur chacun de ses genoux
Mimi
u bout de sa peine
il avait choisi de rentrer
pour faire de Mimi sa reine
la blonde à Dédé
il a eu beau chercher
il ne l’a pas retrouvée
chacun sait qu’les sirènes
sont dures à garder.
Paroles et musique Isabelle Mayereau