Même émoi, même plaisir.
Jacques Bedos éclaire Jean Musy, Jean invente et colore la pellicule délicatement, avec sensualité.
J’aime.
Claude Pavy (guitare), Sauveur Mallia (basse), Jean-Paul Batailley (percussions), Jean Musy (claviers), Pierre Alain Dahan (batterie), Pierre Louis (quatuor à cordes) créent les ombres, les nuances, aidés par Mick Lanaro à la prise de son.
Il était une fois au studio Barclay et au studio des dames …
T’as pas les mêmes couleurs
t’as pas la même voix
t’as pas les mêmes heures
t’as pas les mêmes doigts
c’est pas la même vie
c’est pas la même histoire
pas les mêmes jeudis
pas les mêmes devoirs
différence
différence
t’as pas les mêmes yeux
t’as pas les mêmes mots
ta vie en couvre-feu
tu la vis en solo
t’as pas le même cœur
pas le même sourire
dessine-moi j’ai peur
un bateau pour partir
différence
différence
t’as pas les mêmes regards
pas les mêmes silences
pas les mêmes départs
de mon port de plaisance
t’as pas les mêmes parfums
pas les mêmes essences
la voiture ou le train
sont de longues distances
différence
différence
Paroles et musique isabelle Mayereau
J’ai pris trois kilos
je fais des haltères et du judo
je mange des clous et je bois de l’eau
je fais une gymnastique bizarre
on s’couche par terre un peu dans le noir
on prend connaissance de son corps
comme d’un véritable trésor
je me touche la fesse
je me touche la joue
je me touche le reste
un peu partout
c’est bizarre
je me touche l’oreille
ou le mollet
faut serrer les muscles oubliés
c’est bizarre
j’ai pris trois kilos
je fais du yoga et du vélo
je croque des clous je suis parano
j’avale du son des algues noires
je compte mes muscles ramollis car
on prend connaissance de son corps
comme d’un véritable trésor
je me touche les reins
je me touche les seins
je fais promener partout mes mains
c’est bizarre
je me touche le ventre
puisqu’on me dit
que c’est le centre
de mes soucis
c’est bizarre
j’ai pris trois kilos
je fonds dans des saunas salés
je me pommade à me pâmer
car mon kinési tocard
nous fait coucher à six dans le noir
pour prendre connaissance de nos corps
comme un touriste traîne sur un port
je me touche le cou
je me touche le nez
je me touche partout
je suis décoincée
c’est bizarre
je me touche l’épaule
ça c’est plus drôle
je ne me touche plus rien
c’est presque bien
c’est bizarre
Paroles et musique isabelle Mayereau
Tu as préféré le camping gaz
aux somnifères
et dans ce parfum dégueulasse
tu as pris la mer
une drôle de mer une drôle de mer
on ne t’a pas vu le lundi matin
on n’a rien dit
mais le silence parlait au fond
au fond de nos vies
tu as raté le train tu as raté le train
je me rappelle je me rappelle
on t’a trouvé le mardi matin
le souffle en l’air
tu avais choisi de te tirer
sans mots amers
sans mots amers sans mots amers
depuis tu flottes dans ma mémoire
pas toujours claire
as-tu fini ta traversée en solitaire
en solitaire drôle de désert
je me rappelle je me rappelle
tu as préféré le camping gaz
aux somnifères
et dans ce parfum dégueulasse
tu as pris la mer
une drôle de mer une drôle de mer
Paroles et musique isabelle Mayereau
Le temps s’étire comme un chewing-gum
à faire des bulles de delirium
à me chlorophyller les dents
j’ai 15 ans
et je tartine mon oxygène
sur mon pain beurré café crème
je retrouve mes goûts d’avant
j’ai 15 ans
je vole à voile dans mes idées
je lofe un coup je vais déraper
mon lit c’est un océan
j’ai 15 ans
métamorphose enfin j’ose
je fume des cigares parfumés
à l’hibiscus et aux genêts
je croque des mûres et du chiendent
j’ai 15 ans
j’fais du vélo je funambule
sur votre monde sur vos globules
je me demande où je m’en vais
si je suis née
je m’enivre au sirop d’orgeat
au pain d’épices au chocolat
je parle d’amour en dedans
j’ai 15 ans
métamorphose enfin j’ose
le temps s’étire comme un chewing-gum
à faire des bulles de delirium
à me chlorophyller les dents
j’ai 15 ans
métamorphose enfin j’ose
encre rose je me repose
Paroles et musique isabelle Mayereau
Dessous mon palmier plastique
je bronze synthétique
de ces soleils falsifiés
qu’on trouve dans les supermarchés
ma chemise en soie nylon
repose sur la moquette gazon
je fais mon voyage vers la mer
Métro Goldwyn Mayer
puis au quatorzième étage
un homme refait son visage
se maquille de fards bleutés
histoire de mieux s’identifier
ma chemise en soie nylon
se pose sur ma peau marron
je fais mon voyage vers la terre
Métro Goldwyn Mayer
sur un barrage solitaire
des hommes plantent des barres de fer
usent le temps et leurs nerfs
à bloquer l’eau d’une rivière
ma chemise en drap coton
se parfume de leur goudron
je fais mon voyage vers la guerre
Métro Goldwyn Mayer
dans son école rénovée
l’enfant dérape sur A + B
oméga l’a bousculé
son univers a chaviré
ses cheveux dans l’encrier
viennent brouiller son papier
je fais mon voyage à l’envers
Métro Goldwyn Mayer
dessous mon palmier plastique
je bronze synthétique
de ces soleils falsifiés
qu’on trouve dans les supermarchés
ma chemise en soie nylon
repose sur la moquette gazon
je fais mon voyage vers ailleurs
Métro Goldwyn Mayer
Paroles et musique isabelle Mayereau
Tu m’écris tu m’écris
sur papier d’Arménie
des mots à des mots à
à parfumer mon lit
je dessine je dessine
sur papier d’harmonie
des notes à des notes à
à chatouiller ton ouïe
et le temps passe comme ça
douceur de papier soie
et le temps passe comme ça
tu déchires tu déchires
à coup de couteaux scie
mes manies mes manies
maniables à demi
tu éclaires tu éclaires
à coup de crayon gris
mes yeux à mes yeux à
à te filmer la nuit
et le temps passe comme ça
douceur de papier soie
et le temps passe comme ça
tu voyages je voyage
au fond de mon esprit
des voyages des voyages
à t’emmener aussi
et j’écris et j’écris
sur papier d’harmonie
des mots à des mots à
à parfumer ton ouïe
et le temps passe comme ça
douceur de papier soie
et le temps passe comme ça…
Paroles et musique isabelle Mayereau
Dans la fourrure on les voit bien
s’acoquiner avec les chiens
elles sont toujours en groupe tiens tiens
pourtant les chiennes ne les aiment point
les puces
elles sont toujours de noir vêtues
mystérieuses et méconnues
des yeux à faire frémir le jour
elles ont particulières amours
les puces
elles aiment beaucoup s’amuser
batifoler peinturlurer
rouge est leur couleur préférée
comme le vin de douze degrés
les puces
on les remarque quelquefois
on les retrouve aux mêmes endroits
cherchant toujours la bonne affaire
un bout de peau un coin de chair
les puces
insociables jusqu’au bout des dents
inimitables dans leurs accents
de tendresses énamourées
partout bien sûr on les reconnaît
les puces
elles se regardent sans broncher
sans doute pour s’intimider
c’est alors qu’elles s’en vont sauter
sur les draps ou sur l’oreiller
les puces
la mine triste au matin
elles vont se noyer dans leur bain
pour oublier qu’il n’est pas bien
de préférer les chats aux chiens
les puces
Paroles et musique isabelle Mayereau
Ta TV couleur m’entraîne
sur des mers de kérosène
sur des flots d’arme à feu
surtout quand il pleut
ta caméra portative
nous entraîne à la dérive
on dévale même le Mont Blanc
surtout au printemps
mon tandem imaginaire
fait des loopings à l’envers
on chavire c’est tellement bon
en toutes saisons
j’ai le pied dans un mouroir
je sais
sur ma bouche il y a un mouchoir
c’est vrai
on n’a pas le temps de voir
je sais
mais je gomme tous mes brouillards
exprès
ton téléphone me rappelle
que tu existes et je démêle
tous les fils de ton cerveau
juste quand il faut
ton courrier en point virgule
m’oxygène et sans scrupule
je prends le train pour Macao
sans quitter Bordeaux
ma mémoire électronique
sélectionne c’est fantastique
les images impressionnées
dans mon cervelet
j’ai le pied dans un mouroir
je sais
pas la peine de nous faire croire
qu’on fait
notre temps et notre histoire
c’est fait
mais je gomme le dérisoire
exprès
j’ai le pied dans un mouroir
je sais
et dans vos villes étouffoirs
on n’est
qu’une plume dans un dortoir
pas gai
mais je gomme tous ces traits noirs
exprès
Paroles et musique isabelle Mayereau
Sur les vapeurs d’un tilleul-menthe
j’ai des visions ectoplasmiques
c’est Diane Arbus à bicyclette
5ème avenue New-York peut-être
Jimmy Hendrix joue du clavecin
dans un break Dodge 1920
et vieux Satchmo ne sait plus bien
si Kid Ory est musicien
Humphrey Bogart fait du patin
dans San Francisco tout éteint
et Marilyn dit des histoires
aux gamins du petit square
sur les vapeurs d’un tilleul-menthe
j’ai des visions ectoplasmiques
c’est Diane Arbus à bicyclette
5ème avenue New-York peut-être
à Washington Janis Joplin
joue au ping-pong mais c’est James Dean
qui vend des fleurs œillets jasmin
dans un Harlem frais repeint
Otis Redding voit Jean Harlow
dans une Inde ouverte au couteau
où des enfants de velours brun
chantent fafafa et c’est très bien
sur les vapeurs d’un tilleul-menthe
j’ai des visions ectoplasmiques
c’est Diane Arbus à bicyclette
5ème avenue New-York peut-être
Sir Nat King Cole sur son radeau
passe le Cap Horn mais bientôt
Stan Laurel qui a tout perdu
le retrouve à Honolulu
et dans son antre Buster Keaton
éclate de rire et ça résonne
dans les couloirs d’un métro bleu
refait à neuf merveilleux
sur les vapeurs d’un tilleul-menthe
j’ai des visions ectoplasmiques
c’est Diane Arbus à bicyclette
5ème avenue New-York peut-être.
Paroles et musique isabelle Mayereau
Tu jouais au flipper tout près d’un café noir
tu épluchais le Monde Figaro France-Soir
tu fumais ton Samson roulé à la va-vite
et je pensais à toi en face derrière la vitre
la voiture n’était pas une super Cadillac
aux glaces allant venant sur un simple clic-clac
la radio ne jouait pas un vieil air des Platters
l’allume-cigare n’était qu’une allumette
le temps était maussade à la fois gris et froid
les boulevards encombrés et les néons géants
de la rue d’Aboukir attaquaient les passants
comme un fusil à eau sur le nez d’un agent
mais j’aimais nos laits froids au bar américain
moi mon boudin aux pommes toi ton château à point
des papillons géants froids et dégueulasses
terminaient souvent dessous mes godasses
puis les restos chinois allumaient leurs néons
Paris s’assoupissait étrange hanneton
on trimbalait nos vies presqu’en parallèle
il reste dans ma tête cette douce aquarelle.
Paroles et musique isabelle Mayereau